Aujourd'hui, nous avons eu le plaisir de pouvoir échanger avec Julien Vick, Délégué général du Syndicat des équipements de la route.
Julien, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
J'ai commencé ma carrière au ministère de l'écologie et des transports où j’avais en charge la normalisation des routes et des équipements. Depuis 2013, j’ai rejoint le Syndicat des Equipements de la Route en tant que Délégué général où je pilote les dossiers techniques, politiques et stratégiques du secteur.
Quelle est la mission du Syndicat des Equipements de la Route (SER) ?
Le SER est une association professionnelle d’entreprises qui regroupe des industriels et des entrepreneurs. Sa mission est de promouvoir et de défendre l’importance des équipements de la route auprès des pouvoirs publics. Engagé aux côtés des acteurs de la sécurité routière, le SER joue un rôle majeur de conseil et d’information pour faciliter les déplacements et garantir la mobilité de tous en toute sécurité.
Nous représentons aujourd’hui 85% du marché des équipements de la route en France, pour un chiffre d'affaires annuel compris entre 1,5 et 2 milliards d'euros, employant 5 à 6000 salariés.
La sécurité routière c'est quoi pour le SER ?
La sécurité routière, c'est à mon sens trois choses, complémentaires et interdépendantes, sur lesquelles il faut agir pour une route plus sûre.
- le facteur humain : cela concerne directement l'automobiliste, à la fois créateur et sujet au risque routier. Des actions liées à la lutte contre l'alcool au volant ou la vitesse sont très pertinentes, c'est le facteur comportemental du conducteur qui est ici en jeu.
- vient ensuite l’amélioration du véhicule : On a aujourd'hui des véhicules plus performants que par le passé : l’habitacle d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’hier. Pensons aussi par exemple à la généralisation des ceintures de sécurité.
- reste enfin le pilier de l'infrastructure routière. Une route en bon état, où il n'y a pas de nids de poules, où les lignes blanches et les panneaux sont visibles et lisibles, où l'on a des glissières de sécurité sera évidemment plus sûre pour les usagers.
C'est ce à quoi nous œuvrons avec le SER, à la construction et au maintien d'un réseau routier bienveillant, c’est aussi ce concept de « route qui pardonne ».
On peut cependant déplorer qu’en France le réseau routier se dégrade et il y a d'ailleurs depuis ces dernières années une hausse du nombre de tués sur les routes. Au-delà du répressif, il faut impérativement, si l’Etat veut lutter efficacement contre l’insécurité sur les routes de France, qu'il investisse pour maintenir le réseau routier en état.
Il serait à ce titre intéressant d’avoir des statistiques transparentes sur l’accidentalité routière et les corréler avec l’état du réseau routier. Le résultat serait assez édifiant.
Si vous deviez citer trois sujets d’importance pour votre organisation ?
Ce serait d'abord la question de la sécurité routière. Des vies humaines sont en jeu et tout ce qui se trouve sur une route doit être certifié (marquage, panneaux, glissières etc.) pour que ces produits jouent le rôle pour lequel ils sont conçus : sécuriser, informer, guider etc.
La route est le premier réseau social de France, c’est par elle que passe plus de 80% des déplacements. Il y a donc un impact fort pour les territoires et leurs désenclavements.
Chaque citoyen, des villes ou des campagnes, devrait avoir un droit identique concernant sa mobilité et cela passe par des routes entretenues, garantes de sécurité routière. Actuellement les routes départementales et communales sont les moins bien dotées, notamment les routes de campagne.
Prenons cet exemple d'ailleurs. On a de plus en plus de seniors aujourd'hui en France et ce sont eux qui vivent majoritairement dans les campagnes. Pour maintenir à domicile le plus longtemps possible les personnes âgées chez elles sans les assigner à résidence, la question de leur mobilité est essentielle. Un réseau routier dégradé ne les incitera pas à «prendre la route» et les fera renoncer aux déplacements du quotidien, essentiels pour maintenir le lien social. Par exemple, un marquage au sol doit être visible de nuit et par temps de pluie, et ce encore plus dans ces territoires où les personnes âgées ont des difficultés visuelles indéniables.
Enfin, nous sommes très impliqués dans la construction de la route de demain, que l'on prépare dès aujourd'hui avec les constructeurs et équipementiers automobiles. La route de demain sera une route communicante et structurante, en symbiose avec le véhicule autonome, qui va se démocratiser très rapidement. Le véhicule autonome va devoir lire la route, lire les bandes blanches, les panneaux qui seront de véritables repères (amers). Il faut donc réfléchir à de nouveaux équipements de la route, qui viendront pour partie s'updater sur l'existant. En effet, le véhicule autonome, s'il n'évolue pas sur une route dynamique, est complètement myope et susceptible de faire des erreurs d’où la redondance fondamentale permise grâce aux équipements de la route.
Comment le SER informe et communique sur les enjeux liés à la sécurité routière?
Nous avons fait ces dernières années différents sondages pour connaître l'intérêt des Français sur la sécurité routière, et les résultats sont parlants...
Les usagers de la route...
Etude réalisée en ligne par OpinionWay sur un Panel de 1043 personnes en 2015.
... et les maires...
Etude réalisée pour le Syndicat des Equipements de la Route par l'institut PollingVox, 251 maires ont été interrogés en face à face au Congrès des Maires en 2016.
... sont globalement insatisfaits de la santé du réseau routier.
Au delà de ces sondages, nous avons aussi publié un livre blanc pour la présidentielle avec 10 propositions pour la sécurité routière.
Mieux vaut prévenir que guérir : pensez vous que cela s'applique à la sécurité routière ?
Nous sommes partisans au SER de la route qui pardonne. Pour rappel 3693 personnes sont décédées sur la route en 2017. Et au-delà du drame humain, il faut aussi prendre en compte que cela représente un coût pour la société. En 2016, les accidents de la route ont représenté 2,2 % du PIB. L'Etat français a donc dû débourser 38,3 milliards d'euros à cause des accidents corporels, estime un rapport de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr).
Mieux vaut donc faire les investissements avant plutôt qu'après ces drames.
Maintenir le réseau routier en France est un gros challenge : nous avons un million de kilomètre de route, 25 millions de panneaux de signalisation, 120 000 kilomètres de glissière de sécurité mais c’est absolument fondamental et cela demande une vraie impulsion du pouvoir politique.
Où pourra-t-on trouver le SER prochainement ?
Le SER sera présent au congrès « Regards croisés sur le véhicule autonome » de l’URF et la SIA les 25 et 26 juin. Nous sommes également associés au Mondial de l'auto puisque le thème de l’exposition de cette année est « les routes mythiques » . Et comme chaque année en octobre, nous serons actifs lors de la semaine de la sécurité routière.
Vous pouvez aussi nous suivre sur Twitter et sur Youtube.
Transporteurs d’image utilise les dos de camion pour diffuser des messages responsables aux conducteurs pendant qu’ils roulent. Que pensez vous de ce mode de communication ?
Aucune action n'est de trop pour lutter contre la mortalité sur les routes, que ce soit en France ou dans le monde.
Imaginons que vous ayez un panneau publicitaire pour que le monde entier puisse le voir. Qu'est-ce que vous inscririez dessus ?
J’inscrirai l’équation suivante : sécurité routière = automobiliste + véhicule + route.
Le traitement de la Sécurité Routière est bel et bien une addition de ces trois parties interdépendantes.
------------
Retrouvez tous nos articles en lien avec la Communication et la sécurité routière sur notre blog.
Comentários